Contains:  Northern lights
Aurores de mai 2024 - 7, Corine Yahia (RIGEL33)

Aurores de mai 2024 - 7

Aurores de mai 2024 - 7, Corine Yahia (RIGEL33)

Aurores de mai 2024 - 7

Equipment

Loading...

Acquisition details

Loading...

Description

Lors des NAT 2024 (Nuits astronomiques de Touraine), à l’apéro du vendredi midi, Fabrice Mottez nous annonce que quelques aurores pourraient faire leur apparition dans la nuit, les prévisions de KP étant très élevées. Pour ma part, je reste prudente pour ne pas être déçue. Nous avions déjà depuis mardi dernier, une super météo qui nous permettait enfin de pratiquer notre passion après quasi 5 mois de pluie ou de ciel nuageux. Je trouve que le coup de bol est déjà immense… comment espérer mieux ?

Le soir venue, alors que le soleil vient juste de se coucher et que chacun s’affère à préparer sa soirée, tout en préparant mes instruments, je piste du coin de l’œil les nuages au nord. Non pas que je craigne une invasion de ces derniers mais surtout pour voir si le ciel commence à rougir. Effectivement les nuages sont rosés mais peut-être est-ce dû au soleil couchant.

Il est 22h30, cela fait à peine 1h que le soleil était couché… Des astrams présents autour de nous commencent à évoquer les aurores… Il est vrai que le ciel au nord, au fur et à mesure qu’on avance vers la nuit noire, prend des teintes rosées plus prononcées. Certains se mettent à aller très rapidement sur l’autre pré. Avec Denis, Joël, Laurent, Sandrine et Frédéric, on décide de les suivre armés de nos APN. A l’approche du passage, on entend des clameurs de joie et de surprise… on passe vite la lisière du petit bois et on tombe sur ce ciel rouge-rosé aux horizons mieux dégagés.
Chacun y va de son cliché… certains cherchent des conseils, d’autres en donnent… Denis me montre ses épreuves sur son petit écran d’appareil photo… c’est super beau… on voit du vert sur la photo, vert invisible à l’œil nu. Par contre, on perçoit bien le rouge au nord. Frédéric aussi me montre ce qu’il a réalisé. Les miennes à côté font pâle figure mais elles sont jolies quand même. Sandrine aussi me montre ces clichés sur son tout nouveau smartphone… superbes ! Les notifications du discord d’AG33 font sonner mon téléphone. Un rapide coup d’œil me montre que les astropotes restés en Gironde et Lot-et-Garonne sont aussi à la fête. Des photos commencent à apparaitre. J’en mets rapidement une des miennes prises au smartphone.

Les aurores bougent… elles vont vers le nord-est. Encore des clameurs de joie qui fusent de tous les côtés… c’était magique… on partage ce spectacle avec environ 200 astronomes amateurs dont 80% au moins n’ont jamais vu d’aurores de leur vie… pour moi aussi c’est une première.
On discute, on rit, on image… tout le monde a la banane jusqu’aux oreilles. On a les émotions à fleur de peau et des larmes de joie montent à nos yeux. Que c’est beau !!!

Les aurores se déplacent encore… elles reviennent au nord, puis vont vers le nord-ouest… plus d’une heure qu’on était là… il est minuit passé.
Notre groupe repart vers l’observatoire pour pouvoir faire des clichés avec les coupoles… encore quelques photos par ci par là, surtout au smartphone que je pose sur tous les supports que je trouve sur mon chemin pour tenter de trouver un peu de stabilité et éviter des images trop flous.
Au bout d’un moment, la tempête aurorale semble se calmer. La couleur rouge est bien moins marquée. On pense que c’est la fin. On échange sur nos vues, nos émotions, nos connaissances sur les aurores, on se montre nos photos. Je prends mon APN, peste sur le fait de ne pas avoir porté mon chargeur de batterie. Je n’ai plus que la moitié d’une batterie car on entend dire que ce n’est pas fini.
Je reviens jeter un coup d’œil au discord d’AG33… les copains sont toujours à la chasse. Certains demandent où se rendre pour mieux les capter. Apparemment on les voit de partout, même dans les villes polluées par la lumière. Je suis contente qu’ils puissent en profiter autant que nous.

Puis j’entends quelqu’un crier : « les aurores reviennent » ! Je regarde le ciel et de grands piliers gris/blanc lumineux s’élèvent du sol vers le ciel en direction du nord. Je fais un cliché qui montre la couleur rouge/bleu, pour ne pas dire mauve, de ces colonnes de lumière. A l’œil nu, c’est blanc et gris. Et ces piliers durent un bon moment, se déplaçant de gauche à droite, s’intensifiant et s’affaiblissant au gré de leur balade dans le ciel.

Puis à nouveau une pause… plus rien... enfin pas vraiment rien car la moindre photo en direction de l’ouest, du nord, de l’est et vers le zénith révèle un ciel rougit.  
Je décide de poser mon APN un peu plus loin des coupoles pour le cas où ça recommencerait. Je programme des poses de 4s avec mon intervallomètre… je fais une mise au point à l’arrache… je verrais bien ce que cela donne. Avec le peu de batterie restant, je ne me leurrais pas… Au moment où les cris de joie reprennent, je lève la tête et vois que les piliers sont réapparus. Je lance la télécommande… on verra bien ce que cela donnera au final.

Il est 2h. La constellation du Cygne trône au-dessus des coupoles de l’observatoire. Je décide de pointer à la lunette la comète C/2021 S3 (Panstarr) qui est juste au-dessus Deneb (queue de la poule en arabe), l’étoile la plus brillante de la constellation. Je capte la boule de neige sale assez rapidement, effectue un cadrage qui la centralise sur l’image et lance des poses d’une minute. Le fond du ciel est bien rouge mais tant pis, je ne peux pas louper l’opportunité de prendre cette comète. J’abandonne mon setup et retourne vers les aurores.

J’ai l’idée de prendre mon oculaire OVNI pour voir ce que cela donne… sans augmenter l’intensité lumineuse, cela affine les piliers et permet de voir plus de détails. Je partage mon observation avec mes camarades. Sur le discord d’AG33, ça se calme, les copains sont partis se coucher. Puis j’ai envie de retourner voir les astropotes sur le pré voisin. Il est 3h. Il y a encore quelques clameurs mais moins prononcés. Certains se sont déjà couchés, fatigués de leur journée et de l’émotion de la vision de ces aurores.
Avec Denis, Sandrine et Joël, on continue de marcher vers le fond du pré, là où Yves observe avec son Dobson 600. Pendant notre progression, j’entends mon prénom. C’est Nicolas qui est là, bien emmitouflé, imageant lui aussi les aurores. On compare nos clichés. Il nous montre ses tentatives d’imagerie sur la galaxie M51. Elle baigne dans une soupe rouge sang. Même si la galaxie est très fine et super bien détaillée, le fond du ciel risque d’être compliqué à rétablir.
On discute un moment avec lui. On admire à ses côtés ces piliers qui montent parfois jusqu’au zénith. C’est vraiment spectaculaire. Puis nous continuons notre chemin et atteint le 600 d’Yves. On partage quelques minutes avec lui nos sentiments et un peu d’observation sur son immense Dobson.

Il est 4h passé quand on le quitte, revenant vers notre camp de base. Tout le monde est heureux… fatigués, pour certains mal au dos, d’autres mal aux pieds, mais qu’importe… les aurores sont toujours là, dansant au-dessus de nos têtes. On se rend compte de la chance incroyable on a. D’abord, le beau temps qui s’installe depuis mardi, puis cette tempête aurorale… franchement, quel bol !!
Les aurores se calment à nouveau. Il est 4h30. Je vais chercher mon APN et constate que la batterie a rendu l’âme et de la buée a envahi l’objectif.

Denis part se coucher, épuisé. Je reste encore un peu pour pousser les poses sur la comète jusqu’au maximum. Mais à 4h45, il faut que je me résolve a arrêter. Je stoppe les acquisitions, vérifie les dernières, tout en gardant un œil sur le ciel au nord où les piliers sont revenus. Je fais encore un cliché sur ces belles aurores, mais les couleurs changent déjà dû à la lumière du jour qui arrive. Le ciel blanchit peu à peu et les piliers s’estompent. Le rêve prend fin. Je finis de ranger, je bâche ma lunette. Un dernier coup d’œil sur le ciel, comme pour les faire réapparaitre mais rien n’empêche la lumière du jour de s’intensifier. Je pars alors me coucher à mon tour, gardant dans mon esprit le souvenir de ces belles voilures de lumière que la nature a bien voulu nous offrir.

Après avoir passer en revue les poses prises, que ce soit au smartphone qu’à l’APN, je m’aperçois qu’elles sont floues ou « bougées »… mon empressement à immortaliser le moment allié à l’excitation d’un spectacle inédit et rarissime, m’a fait perdre de vue la préparation nécessaire à la réalisation d’une belle image ou d’un time-lapse sympathique. Mais ces images floues restent pour moi l’empreinte d’un instant de ma vie, d’une nuit de folie où j’entends encore les clameurs des participants tout aussi émerveillés que moi.
Pour une fois, nous étions au bon endroit, au bon moment pour les aurores !

Photos prises dans la nuit du 10 au 11 mai 2024 à Tauxigny (37) – VirtualDub – Camera RAW
Canon 400D objectif Sigma 18-200, focale à 18 mm, ouvert à f/3.5, sur trépieds photo – poses uniques de 3 à 4 secondes, ISO 1600.  
Smartphone « photo nocturne » ISO 1600 – poses uniques 4 secondes.

Comments